Ils ont entre 25 et 35 ans et cumulent plusieurs jobs. On les appelle la “génération Slashers” car ils “cassent les barrières” qui séparent les types de métiers et ne renoncent pas à leurs passions au bénéfice d’un seul job qui les enfermerait dans une sphère dont ils ne veulent pas se sentir prisonniers. Face à une situation économique plutôt précaire, ils se protègent à leur manière par nécessité mais aussi par plaisir de diversifier leur quotidien. Qui sont ces nouveaux travailleurs et comment en sont-ils arrivés à choisir ce mode de vie ?
Une carrière portfolio
Au long de notre carrière, nous ne travaillerons plus dans 2 ou 3 entreprises : ce chiffre se situera probablement autour de 10. La génération Y est exigeante : elle a besoin d’être constamment motivée par son travail car sinon elle se lasse assez vite. On observe par conséquent un turnover qui se situe entre 2 et 3 ans dans une même entreprise pour les 25-35 ans.
Ceci dit, un nouveau phénomène vient bousculer le classique CDI. En effet ce dernier, même s’il représente 76% des emplois sur le territoire français, ne symbolise pas le graal pour ceux qu’on surnomme les “slashers”. Un seul et même emploi n’est pas suffisant à leurs yeux et les cumuler leur amène la satisfaction professionnelle et personnelle qu’ils recherchent. Alors, serait-ce un modèle moderne de l’emploi, basé sur le “multitasking” ?
Voici le témoignage de Fabrice Roux, informaticien et designer (via l’Express.fr) :
” Le jour, je suis informaticien pour le compte d’Essilor. Le soir, et souvent le week-end, je file à la boutique-atelier où je crée et vends des meubles industriels. Au départ, c’était vraiment une petite “cabane au fond du jardin”, mais, comme on ne peut pas stocker 40 tabourets chez soi, j’ai acheté un vrai espace. Quand je suis au bureau, la boutique est fermée mais on peut me joindre – mes clients ont mon numéro. J’y travaille complètement seul car je n’ai ni le temps ni la place de former quelqu’un. Dans mon métier de designer je refuse les contraintes de rendement auxquelles je suis soumis dans mon métier d’informaticien, mais j’exerce ma passion avec des moyens professionnels. Il s’agit d’un vrai job, ce n’est pas un hobby. On ne m’achète pas mes meubles pour me faire plaisir ; je suis confronté à des clients, la relation est réelle.”
Ce qu’il aime :
“J’aime ce double métier qui m’assure un équilibre psychologique certain ; ce sont des vases communicants qui créent une dynamique positive.”
Ce qu’il aime moins :
“J’ai tendance à travailler tout le temps. Or comme le temps n’est pas divisible, la situation, si je n’y prends pas garde, peut se révéler compliquée pour ma femme et mes deux fils. Quand on est passionné comme je le suis, on se laisse vite happer par les exigences de la double vie.”
Etes-vous potentiellement un slasher ?
Attention, n’est pas slasher qui veut ! Voici quelques indices qui vont vous permettre de déterminer si ce genre de carrière est fait pour vous. Il faut d’abord se poser certaines questions :
- Etes-vous multitâches et savez-vous gérer votre temps ?
- Avez-vous envie de flexibilité et de créativité ?
- Êtes-vous organisés ?
- Êtes-vous ouvert à de nouvelles opportunités ?
Anticipez les conflits d’intérêt
Si vous conservez votre travail quotidien mais que vous avez besoin de plus de temps à consacrer à d’autres intérêts, ayez une conversation honnête avec votre employeur pour arriver à la meilleure solution. Aussi, assurez-vous que la poursuite d’un nouveau but n’affectera pas votre carrière d’un point de vue global. Il existe un revers de la médaille à savoir que vous avez le pouvoir de créer une carrière sur mesure, mais que cela demande du travail et une auto-analyse précise de ce que vous voulez accomplir.
Respectez une ligne de travail
Il faut se prémunir contre certains risques et donc avoir un ou deux jobs stables pour s’assurer une source de revenus correcte. Selon un spécialiste de la carrière portfolio, l’approche dite ancre-orbite est à adopter : un job requiert une présence physique à un endroit précis (le bureau par exemple) alors que les autres (travail en freelance par exemple) peuvent graviter autour.
Réservez vous un matelas financier minimum
Se lancer dans le multi-job comporte des risques, il ne faut pas se voiler la face. Si vous le pouvez mettez entre 6 mois et deux ans de salaire de côté pour supporter le coût de la vie. Si vous comptez vous mettre à votre compte, mieux vaut lancer son activité en étant encore employé dans votre emploi du moment. Les risques sont à considérer si on est jeune diplômé ou plutôt avec une famille à charge !
Alors, que direz-vous dans quelques années lorsqu’on vous posera la question : “Et vous, que faites vous dans la vie ?”
